L’installation pour les jeunes : « Il ne faut pas se lancer à la légère »
La semaine « installation » a eu lieu du 7 au 11 janvier dernier. Cet événement créé par les Jeunes Agriculteurs du Cher a permis à des étudiants du domaine agricole d’assister aux témoignages de plusieurs agriculteurs, mais surtout à l’intervention des différents OPA (Banque, Service de Remplacement, SAFER, DDT…)
Aurélien Dequiedt, agriculteur (commune de Bessais le Fromental)
Qui dit rentrée scolaire dit réflexion sur l’installation. Durant trois jours, les étudiants de BTS ACSE deuxième année et bac pro Grandes Cultures et Polyculture Elevage ont rencontré différents OPA liés à l’installation. De nombreuses thématiques ont été traitées par les intervenants telles que l’accompagnement à l’installation, les aides financières, les baux ruraux, les fluctuations des marchés céréaliers et bovins allaitants.
Des témoignages d’agriculteurs et des conseillers pour expliquer l’installation et les relations humaines
Durant ces trois jours, trois jeunes agriculteurs installés ont témoigné : Damien Roux, installé en 2017 sur la commune d’Arçay en céréale, Pierre Lavault, installé en 2016 sur la commune de Chaumoux-Marcilly et Aurélien Dequiedt, installé en 2017 sur la commune de Bessais le Fromental. Tous trois ont parlé de leurs installations avec les aides DJA. Aurélien les a incités à rencontrer les OPA afin qu’ils deviennent acteurs de son installation. Damien, Pierre et Aurélien les ont incités « à voyager » et à prendre du recul sur leurs installations, « il ne faut pas se lancer à la légère ».
Claire Lagrost, conseillère en relations humaines de la Chambre d’Agriculture a présenté les différentes missions et fonctionnement de cette structure. Puis, elle est intervenue sur les relations humaines au sein d’une exploitation « il est primordial de communiquer entre associés, sans cela, vous pouvez mener l’exploitation à sa perte » « 80 % des ruptures de sociétés agricoles sont liées à des problèmes humains ; ce n’est pas négligeables ».
Le Service de remplacement : ses missions, son réseau et une opportunité d’emploi
Elise Patrigeon, animatrice, est intervenue avec deux jeunes agents : Tanguy Barathon et Jérémy Gaillardon. Après avoir présenté le service de remplacement (service qui permet aux agriculteurs de se faire remplacer en cas de maladies, de congés ou encore de formations professionnelles), Tanguy et Jérémy ont témoigné. Ce métier leur plait car il permet de découvrir différentes façons de faire, d’acquérir de l’expérience et de se créer un réseau. Peu d’élèves connaissaient ce service, certains ont été conquis et souhaitent en faire partie avant de s’installer.
S’installer avec la banque
Pour toute installation, la banque interviendra. Didier Langlois, expert installation au Crédit Agricole, a présenté la manière d’estimer la rentabilité de son projet au travers de l’EBE (Excédent Brut d’Exploitation) et de la marge de sécurité. Il a exposé le plan de financement, la durée, les taux, les garanties et a fini par un cas concret. Il a rappelé que « sans trésorerie, il n’y a pas de gestion d’entreprise ».
Après avoir évoqué l’installation et les outils mis à disposition pour s’installer, les intervenants de la deuxième journée ont montré qu’un agriculteur n’est jamais seul sur son exploitation.
Les marchés céréaliers et bovins
Agnès Rabany, conseillère technique à la SOCAVIAC a fait un état des lieux de la production bovin sur les marchés mondiaux. Si en France, la consommation de viande baisse, l’exportation en Chine, Italie ou Israël se porte bien et est en pleine expansion. La France connait de nombreux facteurs (économiques, sociétaux…) qui expliquent cette baisse de consommation. Cependant, si les gens mangent moins de viande, ils l’achètent de meilleure qualité grâce aux labels (Label Rouge, bio, IGP, AOP…).
Jean-Baptiste Rogez, conseiller à Axereal, est intervenu sur la commercialisation des céréales. Si la production ne cesse d’augmenter, les prix fluctuent très fortement. Pour éviter cette fluctuation, il est impératif que les agriculteurs sécurisent leur commercialisation. Il est indispensable qu’ils connaissent ses coûts de production et ce qui influence les prix du marché en fonction des cultures et des saisons afin de vendre à bon prix.
La Direction Départementale des Territoires : entre accompagnements et conseils
Christophe Schauer, a exposé les missions de la DDT ainsi que les aides JA, la PAC et le contrôle des structures. Ces notions sont importantes pour les étudiants qui s’installeront, pour certains après acquisition de leurs BTS. Monsieur Schauer a insisté sur la relation qu’il y a entre l’agriculteur et la DDT. En effet, elle conseille et accompagne l’agriculteur tout au long de sa durée professionnelle. De fait, elle peut intervenir sur la PAC, l’ICHN, les aides JA etc.
La CUMA : un rassemblement utile et indispensable pour l’accès au matériel et à la réduction des coûts du matériel
Kevin Chantereau, conseiller à la FRCUMA a présenté le rôle de la CUMA et l’importance d’y adhérer. Pour le jeune qui s’installe, il n’est pas toujours évident d’acheter seul du matériel, or la CUMA peut être un moyen simple d’y accéder grâce à la coopération et à la mise en commun de ce matériel. De nombreux jeunes n’ont pas hésité à poser des questions quant à l’organisation des CUMA.
La dernière journée a été l’occasion pour les OPA présentes d’aborder les aspects juridiques, techniques et administratifs de l’installation.
Les assurances : « L’Homme est le moteur de l’exploitation ».
La matinée a débuté par l’intervention de Jean-Jacques Lesage, conseiller à Groupama. Il a présenté les différentes formes d’assurances obligatoires et indispensables à l’agriculteur. Ainsi, peut-on assurer le matériel, les bâtiments, le cheptel, les cultures face aux aléas climatiques mais aussi et surtout l’humain. Durant son intervention, il n’a cessé de répéter que « l’Homme est le moteur de l’exploitation. L’assurance couvre les conséquences d’un accident, mais ne remplacera jamais un bras ou une jambe !».
Les baux ruraux : des connaissances indispensables à l’agriculteur !
Après avoir défini les baux ruraux et les statuts du fermage, Eric de Laguerenne, juriste à la Chambre d’Agriculture du Cher, a poursuivi sa présentation par un petit jeu du vrai ou faux pour lever les idées reçues que les élèves pouvaient avoir sur le statut du fermage. Par exemple, un bail verbal est un contrat de mise à disposition moyennant une contrepartie financière. Il fait aussi bien foi qu’un contrat écrit. Toutefois, il vaut mieux avoir un contrat écrit en cas de litiges.
La SAFER : quel rôle et fonctionnement?
Raphaël Aumasson, conseiller à la SAFER, était accompagné de Frédéric David, le directeur de la SAFER pour présenter le rôle et le fonctionnement de la structure. La SAFER a pour but de favoriser l’agriculture, de la diversifier tout en préservant les paysages, l’environnement et les ressources naturelles. Il a également évoqué la difficulté du métier parfois, dans le choix d’attribution des terres agricoles. Pour rendre concret cet aspect, il a mis les étudiants en situation. Par groupe de 2-3, les élèves se sont mis dans la peau de conseiller appartenant à un comité technique SAFER. Ils avaient à leur disposition des parcelles à attribués à 5 candidats fictifs. Cet exercice a permis aux élèves de se rendre compte de la difficulté d’attribuer des terres et la multitude de possibilité. Frédéric David a également parlé du droit de préemption. Dans l’imaginaire de nombreux jeunes, la SAFER préempte à tout va, « sauf qu’il n’en est rien. En 2017, la SAFER a préempté 3 fois seulement ». Interrogés sur la vente de terres par des étrangers, Frédéric David et Raphaël Aumasson ont rappelé que « malheureusement, il n’y a pas que des étrangers qui rachètent les terres. Désormais, la SAFER est au courant de tout achat de parts sociales ».
Les professeurs du lycée agricole et Jeunes Agriculteurs du Cher remercient vivement les intervenants pour leur temps accordés aux étudiants.
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